Surveiller et punir – dans les aéroports

English readers : this post is a discussion on IEEE Spectrum article : “Airport Security: Everything You Know Is Wrong.
You can’t discuss, but you can still read it!

Lu sur IEEE Spectrum : “tout ce que vous savez sur la sécurité aéroportuaire est faux“.
Il s’agit d’une interview de Kip Hawley, l’ancien chef de la TSA (la sécurité aérienne américaine).
Il dénonce la lourdeur de la sécurité dans les aéroports, dont vous pouvez témoigner si vous voyagez un tant soit peu, en particulier aux Etats-Unis.

Queue à l'aéroport

Queue d'avions ratées grâce aux portiques de sécurité…

Quelques remarques qui ressortent de l’entretien

  • Les menaces ont changé, ainsi que nos vulnérabilités
  • La TSA n’a pas à supporter le coût des mesures qu’elle préconise. Le rapport bénéfice-risque est donc biaisé et les décisions absurdes.
  • Il y a une incertitude de détection de 20%. De plus, si jamais on se fait attraper avec un couteau, on se le fait simplement confisquer. Un terroriste vraiment motivé pourrait donc essayer de passer cinq fois pour réussir statistiquement !
  • Nous devrions être en mesure d’accepter les risques, et ne plus interdire les couteau par exemple. On n’a pas besoin d’une arme pour tuer quelqu’un (la strangulation peut suffire), et les risques de détournement de l’avion au complet sont nuls (isolement de la cabine de pilotage, défense de la part de tous les passagers.)
  • Les liquides sont quant à eux une menace, mais ceux potentiellement dangereux sont tout à fait détectables (c’est pour repérer les vapeurs de péroxyde que l’on place les liquides dans un sac plastique : ça gonfle et ça se voit). Seulement, les machines qui permettent de les détecter déclenchent beaucoup de fausses alertes. Aussi, il suffirait de aire une file, un peu plus longue, pour ceux qui souhaitent passer avec des liquides. Et faire passer un grand nombre de petites quantités, bien qu’envisageable, n’est pas réalisable en pratique.
  • Les liquides posent problème, car c’est à cause d’eau que beaucoup de gens enregistrent leur bagages plutôt que de les prendre en cabine. Ce la fait perdre beaucoup de temps et d’argent (les compagnies aériennes se sont mises à facturer les bagages enregistrés), tant pour les passagers que pour les compagnies.
  • Toutes les procédures de sécurité, appliquées à tout le monde sont inefficaces, puisque le danger se noie dans la multitude.
  • Les agents qui font les fouilles pourraient être plus utiles si réallouait leur charge à l’intelligence anti-terroriste, plutôt que de traumatiser des vieilles dames

J’ajouterai pour ma part deux éléments concernant les nouveau scanners récemment déployés dans les aéroports.
Les scanners corporels sont soit dangereux soit inutiles
Il y a en effet deux types de scanner : les scanners X à rétro-diffusion, et les scanner à ondes submilimétriques.

Scanner corporel à rayons X rétro-diffusés

Pro-Vision ATD

Scanner corporel à ondes milimétriques (Pro-Vision ATD

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Dans le premier cas, même si les doses en présence sont minimes, il y a des risques potentiels pour la santé. Eh, il s’agit de rayons ionisants ! A tel point que certains éminents scientifiques en appellent à la plus grande prudence. Je ne suis pas un flippé des radiations (les téléphones portables ne m’inquiètent guère), mais imposer utiliser des rayons X à des fins sécuritaires ne me paraît pas être un grand signe de clairvoyance.
Je dois admettre que je ne suis jamais tombé sur ce type de machine, et je me demande même si certaines ont été déployées.

Dans le second cas (ondes millimétriques) – machine que j’ai tester récemment à Houston, Miami et San Francisco, il n’y a pas de risques (ou alors extrêmement faible). En effet, les ondes submilimétriques – que l’on appelle également ondes térahertz -ne traversent pas l’eau, consituant essentiel de lapeau. Je le sais pour avoir travailler trois ans dessus, et tenter par tous les moyens de faire fi de l’absorption de l’eau. A titre indicatif, il faut d’une couche d’eau de l’épaisseur d’un cheveux pour diviser par 4 la puissance émise (à 1THz; un peu plus en dessous,ici ou ). Le pire des risques, c’est donc d’avoir la peau qui chauffe – et pas beaucoup : les puissances mises en jeux sont de l’ordre du mW au mieux en raison de limites technologiques. C’est d’ailleurs pour pour cela que ces appareils tournent autour du sujet. C’est d’ailleurs à ça qu’on les reconnaît.

Il se peut qu’il y ait malgré tout des effets plus fins, et que les dommages seraient à attribuer à des mécanismes complexes comme la condensation Fröhlich, ou le dépliement de protéines en cas d’impulsions de polarisation bizarre (c’est quelque chose que j’aurais aimé montré… mais je ne sais même pas s’il y a vraiment quelque chose à voir).
Autre danger potentiel des térahertz : lorsqu’il s’agit d’ondes pulsées, les puissances crêtes peuvent être importante. Mais je suis toujours en vie, jusqu’à preuve du contraire !

Ces scanners sont inefficaces, pour la bonne raison que je crois qu’il suffit d’imbiber un mouchoir d’eau et placer l’objet à dissimuler entre le mouchoir et sa propre peau pour ne pas inquiété dans ses velléités terroristes. Cages en carbone pour les portiques, boite métallique pour les bagages sous X et buvard imprégné pour les scanners : telle est la combinaison gagnante!