L’énergie renouvelable, sans chichis

English readers : this post is about D. MacKay’s “Sustainable energy, without the hot air” book.
You should read it if it’s not already the case!

Un ami m’a fait lire un excellent livre sur l’énergie durable : “Sustainable energy, without the hot air“, disponible gratuitement sur internet (ici), qu’il faut absolument lire si vous êtes un tant soi peu intéressé par ces questions.

Ce livre a été écrit dans le but de centraliser toutes les informations disponibles sur les sources et les dépenses d’énergie, afin que l’on puisse tout comparer sereinement les chiffres. En effet, l’auteur a remarqué que lorsque l’on parle d’énergie, tout le monde emploie son propre système d’unité opaque et inconsistant (kilowatt.heure, tonne-équivalent pétrole, joule composés avec des secondes, des jours, des villes, etc.) Tout cela concoure à créer un hot air, provoquant un confusion trop forte pour que le layperson n’aie la moindre envie de suivre.

Contribution des pays aux émissions mondiales de CO2 – présenté sous une forme très parlante

L’auteur prend soin de détailler TOUT ses calculs, et je dois avouer avoir appris beaucoup de choses sur le principe de fonctionnement de telle ou telle source d’énergie car les réflexions sont exposées de manière très pédagogique. Le tout teinté d’un humour très british.

Car l’auteur, David MacKay, est un chercheur en mathématique à Cambridge, redécouvreur des LDPC, et j’avais lu sans faire exprès son autre livre, sur la théorie de l’information, tout aussi gratuit et excellent, dans un cadre plus professionnel. Ce travail sur le développement durable lui a valu d’être nommé conseiller scientifique au département de l’énergie britannique – s’il pouvait traverser la manche…

Toute les énergies renouvelables ont leur défaut…

On apprend notamment dans le livre que :

  • Les radiateurs, bien qu’utilisant l’effet Joule, n’ont un taux de conversion electricité limité. Il est de l’ordre 100%… Alors que l’on peut atteindre une efficacité de l’ordre de 400% avec une pompe à chaleur. There’s no such thing as a free lunch except when you’re invited.
  • Les éoliennes off-shore sont peu rentables – chères à mettre en oeuvre pour un grain limité par rapport aux éoliennes terrestre.
  • laisser son chargeur de téléphone branché n’a qu’une incidence minime sur la consommation, alors que les routeurs (“box” des FAI) sont des vampires à énergie.
  • Le nucléaire ferait bien de se reconvertir au thorium ou revenir aux installations à neutrons-rapides
  • mettre un couvercle sur une casserole n’a pratiquement aucune incidence sur l’énergie nécessaire à faire bouillir l’eau
  • la désalinisation de l’eau compte en énergie l’équivalent d’une augmentation de 7°C de sa température (ici en fait)

 

 

Et il y a ce passage, qui résume bien l’esprit du livre :

Have no illusions.
To achieve our goal of getting off fossil fuels, these  reductions in demand and increases in supply must be big. Don’t be distracted  by the myth that “every little helps.” If everyone does a little, we’ll  achieve only a little. We must do a lot. What’s required are big changes in  demand and in supply.

“But surely, if 60 million people all do a little, it’ll add up to a lot?”

No.
This “if-everyone” multiplying machine is just a way of making something  small sound big. The “if-everyone” multiplying machine churns out  inspirational statements of the form “if everyone did X, then it would provide  enough energy/water/gas to do Y,” where Y sounds impressive. Is  it surprising that Y sounds big? Of course not. We got Y by multiplying  X by the number of people involved – 60 million or so!

Here’s an example  from the Conservative Party’s otherwise straight-talking Blueprint for a  Green Economy:
“The mobile phone charger averages around… 1W consumption,  but if every one of the country’s 25 million mobile phones  chargers were left plugged in and switched on they would consume  enough electricity (219GWh) to power 66 000 homes for  one year.”

66 000? Wow, what a lot of homes! Switch off the chargers!
66 000 sounds a  lot, but the sensible thing to compare it with is the total number of homes  that we’re imagining would participate in this feat of conservation, namely  25 million homes. 66 000 is just one quarter of one percent of 25 million. So  while the statement quoted above is true, I think a calmer way to put it is:  If you leave your mobile phone charger plugged in, it uses one  quarter of one percent of your home’s electricity.  And if everyone does it?  If everyone leaves their mobile phone charger plugged in, those  chargers will use one quarter of one percent of their homes’  electricity.  The “if-everyone” multiplying machine is a bad thing because it deflects  people’s attention towards 25million minnows instead of 25million sharks.

The mantra “Little changes can make a big difference” is bunkum, when applied  to climate change and power. It may be true that “many people doing  a little adds up to a lot,” if all those “littles” are somehow focused into a  single “lot” – for example, if one million people donate £10 to one accidentvictim,  then the victim receives £10 million. That’s a lot. But power is a  very different thing. We all use power. So to achieve a “big difference”  in total power consumption, you need almost everyone to make a “big”  difference to their own power consumption.

En plus d’analyser la situation, il casse un bon nombre de mythes, pèse tous les inconvénients et préconise des plans d’action, qu’il confronte à une éventuelle acceptation publique. Des problèmes comme les fluctuations de la demande et le stockage de l’énergie sont également étudiés.

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En fouillant sur son blog, j’ai appris la démonstration et l’existence d’engin à vent pouvant avancer dans la direction du vent à une vitesse supérieure à la vitesse du vent lui-même – et pas qu’un peu : 2.8 fois!
Pour quelqu’un qui fait de la voile comme moi, cela paraît un peu surprenant, voire inconcevable. Et pourtant, rien n’empêche un tel phénomène.

Il suffit de ne pas utiliser de voile, où du moins pas comme on les utilise généralement (de toute façon, même si on arrive à faire décoller des avions, on ne sait toujours pas avec certitude pourquoi ces derniers volentvia). Ça n’a rien de sorcier, mais ça défie le sens commun, habitué à son repère immobile. Est-ce que le projet Blackbird de la San Jose State, sponsorisé par Google, amènera une nouvelle manière de considérer la navigation terrestre? On verra bien.

edit (Mai 20012) :

Et une intervention TED pour David McKay !

Sustainable energy, without the hot air