Category Archives: français

Paradoxes linguistico-logiques

Je vais essayer dans ce billet de faire un petit tour des paradoxes linguistico-logiques, sans tomber dans le la folie du tractatus logico-philosophicus.

Un certain nombre d’exemple sont tirées du GEB, et je remercie comme toujours mon fidèle destrier Wikipédia (si un jour j’ai un chien, je l’appellerai comme ça).

Le paradoxe du menteur: Continue reading

Docteur !

Ca y est, je suis devenu docteur !

Mon rapporteur, Jean-Fançois Lampin, allume la flamme

Celui qui reçoit une idée de moi reçoit de l’instruction, sans diminuer la mienne; celui qui allume sa bougie à la mienne, reçoit de la lumière sans me plonger dans le noir.
Le idées devraient de répandre de l’un à l’autre entre nous tous, à l’ensemble de notre monde, pour […] l’amélioration de sa condition […].
Les inventions ne peuvent par nature être assujetties à la propriété.
— Thomas Jefferson

Mon manuscrit et mes slides des soutenance sont disponibles ici.

Structuration des mots

Vous êtes peut-être déjà tombés sur des démonstrations du genre :

Aoccdrnig to a rscheearch at Cmabrigde Uinervtisy, it deosn’t mttaer in waht oredr the ltteers in a wrod are, the olny iprmoatnt tihng is taht the frist and lsat ltteers be at the rghit pclae. The rset can be a toatl mses and you can sitll raed it wouthit porbelm. Tihs is bcuseae the huamn mnid deos not raed ervey lteter by istlef, but the wrod as a wlohe.

A travers cet exemple, il semblerait qu’il soit possible de lire un texte dont les caractères ne sont pas nécessairement dans le bon ordre, sans que cela ne pose toutefois de réelles difficultés, entendu que les premières et dernières lettres soient à la bonne place et quand bien même il ne s’agirait pas de sa propre langue maternelle.

Trois remarques cependant. Continue reading

Quelques subtilités de la langue française

Distinctions oral-écrit

Lisez cette proposition à voix haute :

Un sot cavalier tenait en sa main un seau, lequel contenait un sceau.
Tout d’un coup, son cheval fit un saut et les trois [so] tombèrent ! Continue reading

L’énergie renouvelable, sans chichis

English readers : this post is about D. MacKay’s “Sustainable energy, without the hot air” book.
You should read it if it’s not already the case!

Un ami m’a fait lire un excellent livre sur l’énergie durable : “Sustainable energy, without the hot air“, disponible gratuitement sur internet (ici), qu’il faut absolument lire si vous êtes un tant soi peu intéressé par ces questions.

Ce livre a été écrit dans le but de centraliser toutes les informations disponibles sur les sources et les dépenses d’énergie, afin que l’on puisse tout comparer sereinement les chiffres. En effet, l’auteur a remarqué que lorsque l’on parle d’énergie, tout le monde emploie son propre système d’unité opaque et inconsistant (kilowatt.heure, tonne-équivalent pétrole, joule composés avec des secondes, des jours, des villes, etc.) Tout cela concoure à créer un hot air, provoquant un confusion trop forte pour que le layperson n’aie la moindre envie de suivre.

Contribution des pays aux émissions mondiales de CO2 – présenté sous une forme très parlante

L’auteur prend soin de détailler TOUT ses calculs, et je dois avouer avoir appris beaucoup de choses sur le principe de fonctionnement de telle ou telle source d’énergie car les réflexions sont exposées de manière très pédagogique. Le tout teinté d’un humour très british.

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Le plaisir de l’imagination

English readers : I’ve made the transcript of the wonderful “Fun to Imagine” interviews of Feyman.
You should definitely watch it or read it!

J’ai enfin fini la transcription et la traduction des vidéos “Fun to imagine” diffusées sur la BBC en 1983 (et visible sur ton tube).

Vous pouvez voir le résultat ici:
version française (html)

version française (pdf)
version originale

Voici un extrait du transcript traduit: Continue reading

Trois enigmes

Voici trois énigmes, qui m’ont été proposées par Guillaume L. et Silvan T. :

1. La stratégie de la table.

Deux concurrents ont face à eux une table parfaitement ronde, et une machine qui leur permet de frapper des pièces de la taille qu’ils souhaitent.
Chacun à son tour a le droit de poser une pièce su la table, le but du jeu étant d’être le dernier à poser une pièce. Les joueurs ont le choix de commencer ou de laisser la main.
Il y a-t-il une stratégie optimale pour gagner? Continue reading

Nobles desseins

Lors de l’événement “Les 50 ans du laser dans la ville lumière” qui se tenait durant l’été 2010 au Louvre, il y avait un grand nombre d’orateurs très prestigieux.

Je me suis souvenu d’un livre lu il y a tant d’années, “Le petit prince”, et de la demande que ce dernier avait formulée à l’auteur, “Dessine-moi un mouton”. Aussi décidai-je de réclamer un dessin à ces géants sur les épaules desquels je tente de me percher.

Je commençai par la star de l’évènement, Charles Hard Townes (95 ans), l’inventeur du maser et incidemment inspirateur du laser, prix Nobel en 1964. J’essuyai un refus, ce qui devait certainement dénoter l’absence de théologie et de géométrie de ce dernier. Ou peut-être bien parce que lui demander de dessiner un maser, en lieu et place d’un laser, le vexai.

Dessin d’un laser par Ms Maiman, et page blanche laissée par C.H Townes

Un peu plus tard, au bord du lac de l’Ecole Polytechnique, je demandai à Ms. Maiman, veuve de Theodore Maiman, le stalker qui réussi pour la première fois à générer un flash laser. Celle-ci semblait très heureuse d’être là, à célébrer la mémoire de feu son mari.

Parmi les invités était également présent Nicolaas Bloembergen (prix Nobel 1981 pour ses travaux sur la spectroscopie laser), pionnier de l’optique non-linéaire, dont la mise en œuvre requiert l’emploi de laser. C’est un jeune homme (90 ans) très jovial, dont la passion pour la physique éblouissait ceux qui l’entouraient.

Toujours dans le domaine de la spectroscopie par laser, et des gars très sympa, Ahmed Zewail (65 ans, prix Nobel pour ses travaux sur la chimie femtoseconde) me fit le dessin d’une molécule, très inspiré par le dripping de Pollock.

Dessins d’une molécule par A. Zewail et d’un processus SHG par N. Bloembergen

Encore un peu plus tard, Serge Haroche (médaille d’or CNRS 2009) fit un exposé sur l’électrodynamique quantique en cavité. Son exposé était plutôt bien, faisant même apparaître un dessin de D. Hofstadter issu du GEB, ce qui n’était pour me déplaire, d’autant que le monsieur semble bien apprécier R. Feynman. Cependant, j’avais vu un présentation sur un sujet similaire par son collègue Jean-Miche Raimond qui m’avait passionné, autant que son cours d’électromagnétisme et relativité. Serge semblait un peu réticent à l’idée de me dessiner un chat quantique, méfiant comme un français des fins auxquelles j’allais l’employer. Après lui avoir expliqué que je n’était pas un pervers déviant, il s’exécuta !

Avec ce dessin en poche, j’allai voir son collègue du LKB, Claude Cohen-Tannoudji (prix Nobel 1997 pour ses travaux sur le piégeage des atomes froids), auteur d’un célèbre manuel de mécanique quantique. Je n’eus guère le temps de lui expliquer le concept que je développais, et il a dû croire que j’étais un groupie pour me laisser un vulgaire autographe (ou bien était-ce parce qu’il ne se souvenait plus de l’équation de Schrödinger…)

Dessin d’un chat quantique par S. Haroche et autographe de CCT

Je continuais de tourner lors des pauses, frayant mon chemin à travers des hordes de scientifiques s’auto-congratulant de la réussite de leurs travaux. J’atteignais Herbert Kroemer (82 ans, prix Nobel 2000 pour ses travaux sur les hétéro-structures, très utiles pour les communications optiques), qui trouva très amusant cette idée avec laquelle je jouais.

Dans la foulée, je croisais Juris Upatnieks, un des inventeurs de l’hologramme, avec qui je discutai un temps, me remémorant mes activités de TIPE sur l’interférométrie holographique.

Dessin d’un montage d’holographie par J. Upatnieks et d’un diagramme de bande par H. Kroemer

Je croisais de temps en temps Sébastien Bigo, chercheur au Alcatel-Lucent Bell Labs, que j’avais eu comme professeur de communications otiques et qui nous parlait des records de taux de transmission qu’il passait son temps à battre. J’ai pour lui beaucoup de considération, et un peu honte (mais pas de regret) d’avoir décliné son offre de stage pour aller à Singapour.

Sur la même page de carnet, je réservais de la place pour Alain Aspect (médaille d’Or du CNRS 2005, prix Wolf 2010 et, de l’avis de beaucoup, futur prix Nobel), un des papes de l’optique quantique, qui a notamment travaillé sur le paradoxe EPR, la violation des inégalités de Bell et le choix retardé de Wheeler. Ses expériences très physiques posent des questions très philosophiques sur la signification de la physique quantique, et laisse encore la place à l’imagination dans une science dont certain pense qu’on a fait le tour. Après l’avoir alpagué, je lui posai un question sur un problème qui me sciait les neurones : combien de temps reste un photon unique dans une cavité, un réseau de Bragg par exemple. Il me répondit, un  peu énervé “il n’y la pas de mystère, patati inverse de la finesse, patata”. Il doit être habitué à ce qu’on lui soumette des paradoxes, tandis que je ne cherchait qu’un simple réponse… Malgré cela, il me dessina quand même une équation!

dessin d’une boucle de communication optique par S. Bigo et équation dite “du chat de Schrödinger” par A. Aspect

Tandis que les heures passaient, je croisait encore et toujours plus de monde. J’avais vu une conférence d’Emmanuel Desurvire à l’Ecole Polytechnique qui traitait des amplificateurs optique à fibres dopées Erbium (EDFA), et que j’avais trouvé très intéressante. Il apparaissait que ses travaux ont permis à Internet d’être ce qu’il est à l’heure actuelle (ce qui me permet de poster des images de bonne résolution sans que votre modem ne peine trop). J’avais aussi beaucoup apprécié sa passion pour ce qu’il faisait, et son côté bringue-zingue sérieux. Il m’avait donné l’adresse d’un site sur lequel on peut trouver de très jolis cadeaux de nature scientifique (si vous ne savez pas quoi m’offrir…). J’appris à l’occasion qu’il avait été le directeur de thèse de Sébastien Bigo : que le monde est petit !

Puisqu’il s’agissait de fibres optiques, je me décidait à aller voir Charles K. Kao (prix Nobel 2010 pour ses travaux sur les fibres optiques). Bien qu’il s’agissait d’un des plus jeunes prix Nobel présent (77 ans), ce monsieur est malheureusement atteint de la maladie d’Alzheimer, et ne compris pas où je voulais en venir. Sa femme l’aida, j’en ai un peu honte, à me dessiner des idéogrammes, dont j’ignore la signification (je crois que c’est sa signature)

signature de C.K Kao et dessin d’un système d’amplifacation optique par E. Desurvire

Ainsi se terminait ma quête artistique!

J’ai beaucoup apprécié l’évnènement, et discuter (certes très brièvement) avec tant de personnes éminentes m’a appris une chose : les meilleurs scientifiques sont avant tout ceux qui aiment la science du fond de leur cœur.

Moi, j’aime la science du fond de mon coeur, mais je ne suis pas sûr que cela suffise !